Billet 4 : En parler, c'est confirmer

Une des choses que j'ai pu lire sur l'annonce, que ce soit l'homosexualité, le genre ect... est l'impact de la réaction de l'environnement sur sa capacité à assumer ses choix.
Même si la chose peut être prise de manière plus globale, nous vivons parmi nos semblables (bien que cette notion soit assez paradoxale) qui impactent nos vies, que ce soit avec un poing ou des mots.
Il est triste de constater le rejet de beaucoup de familles des coming out de leurs proches.
Il est encore plus triste que cela pourrait être évité si nous n'étions pas coulés dans une boue d'individualisme, d'égoïsme et d'abrutissement intellectuel. Il faut des concepts simples, cela évite d'éduquer les gens pour qu'ils pensent par eux même.

Binarité, conception de la famille, stéréotypes...

Alors il faut du courage pour le dire. Il m'en a fallu pour mes toutes premières annonces.
Ma femme, mes enfants, ma mère... après, cela semble plus simple. Je ne craignais plus le rejet mais j'espérais le soutien.

J'ai la chance d'en avoir reçu de la part des personnes à qui j'en ai parlé au moment où j'écris ce billet.

Cela facilite beaucoup les choses.

Avant de revoir la psychiatre, j'avais lu qu'il était intéressant de commencer à chercher des professionnels car la liste d'attente des professionnels safe peut être longue.
Je commence par mon médecin, premier mur... Enfin un muret, d'un point de vue philosophique, il ne cautionne pas le fait de vouloir changer son corps, que tout handicap doit devenir une force et que si c'est le côté féminin qui m'attire, je peux toujours porter des vêtements de femme (je vous laisse relire le billet 2).
Bref, il est rempli d'idées reçues, n'est pas formé sur les questions de transidentité, et a une culture cernable.
MAIS, il ajoute qu'il pourra faire le renouvellement des ordonnances et un suivi médical car, humainement, je suis son patient. Il m'a même demandé si, sachant son positionnement, je voulais le rester.
Pour faire plus simple: il ne veut pas être à l'origine de la démarche (ALD et première ordonnance).

Le mur n'est peut être pas aussi haut... il y a peut être moyen de le faire tomber.
J'ai 38 piges, je peux tanker, et si cela permet de l'ouvrir sur le sujet, d'autres plus jeunes ou moins assurés ou fragiles auront peut être une personne qui pourra les écouter et les aider.

Je jette ma cape sur mon épaule.

Deuxième spécialiste à contacter vu les durées d'attente. J'ouvre google et tape "Orthophoniste" et la ville d'à côté (oui j'oublie à ce moment qu'il y a deux ortho dans la maison médicale... peut être que le coup de froid du médecin m'a fait allé voir 15km plus loin).
Premier numéro, j'appelle...
Je parle de ma démarche, ne sachant pas à quoi m'attendre.
"Oui nous faisons cet accompagnement, vous avez l' ALD ?"
Soulagement.
"Par contre, cela risque d'être compliqué en terme d'horaire et de disponibilité"
Je lui dis que je suis disponible en journée.
"Oh, alors il y a peut être moyen de trouver un créneau. Elle est en vacances, il faut rappeler lundi mais je lui passe l'information"

Je rappelle le lundi, je tombe sur l'orthophoniste, je commence à lui expliquer... elle me coupe.
"Ha oui, j'ai bien eu l'information."
On échange un peu.
"J'ai de la place sûr en janvier mais des bilans à faire donc peut être que d'autres se libéreront avant."
Je lui explique le soucis avec mon médecin et que je vais contacter le planning familial pour en trouver un qui voudra bien faire les premières démarches.
"Je vous rappelle dès que j'ai plus de visibilité."
Le lendemain.
"Alors j'ai des places qui se sont libérées la semaine prochaine, mardi 14h ca vous va ?"
Je lui redis que je n'ai pas encore l'ALD ni fait la demande.
"Nous verrons cela plus tard si vous voulez."
Joie.

J'appelle le planning familial le plus proche de ma commune dans mon département.
Il vient d'ouvrir, je tombe sur une personne très respectueuse, me demandant par quel pronom et prénom m'appeler après que je lui ai expliqué mon soucis. L'avantage d'être sans genre me facilite encore les choses. Ce sera donc avec mon identité actuelle.
Elle doit appeler un PF d'une ville plus grande pour me trouver les coordonnées et me rappelle car étant tout jeune, ils n'ont pas de cellule médicale.
Le deuxième échange, elle me donne le numéro en disant qu'elle les a prévenu et que je peux les joindre, ce que je m'empresse de faire.
Rendez-vous fixé dans deux semaines...

Tout est de plus en plus facile, le dire devient même une banalité au fil des annonces et les retours positifs des gens autour de moi m'emplissent de force. Je n'ai jamais passé autant de temps au téléphone, prendre le temps pour appeler ou répondre aux amis et famille. J'ai dû faire l'équivalent d'un an de temps d'appel en quelques jours...
Quand on cerne son problème, qu'on voit une solution, qu'on l'accepte et qu'on se dirige vers elle, les choses deviennent moins pénibles, moins difficiles et même plaisantes.

A chaque annonce, le doute s'efface, et on ne voit plus qu'une finalité, un objectif, une envie, un besoin, une excitation.

Rendez-vous chez la psychiatre.
Je lui en parle dès le début.
Peut-être l'appréhension de sa réaction, mais le doute revient.
J'attendais sa validation...

Nous échangeons, je lui dis tout ce dont j'ai pris conscience, analysé, le bilan que j'en fais. Tout en bordel évidemment, même sous Ritaline, il y avait beaucoup trop d'informations à passer en une heure.
Elle me pose des questions, un test, et j'avais déjà répondu à tout  lors des éléments que j'ai présenté.
Conclusion, je coche toutes les cases de la dysphorie de genre (sauf la partie genrée binaire, se sentir de l'autre genre, jouer avec des jouets de l'autre genre petit... mais le test date un peu)

Chaque annonce est un pas.
J'ai la chance d'avoir un chemin stable.
Mais même si je devrais trébucher, j'avancerai encore, il n'y a plus de doutes.





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