Billet 11 : Curiosité saine

 Vouloir comprendre ou savoir, est-ce malsain ?

J'entends beaucoup de personnes trans refuser qu'on les questionne sur leur transition.
Tout comme le dead name, je suppose qu'il y a une raison de rejet de l'ancien soi, d'une souffrance que l'on veut effacer, ou une pudeur.

Je me tiens étrangement à distance de cela. Je pense ne pas être le seul et je suis plus sur le courant d'en parler car cela reste assez (très) tabou dans notre société.

Questionner pour assouvir une curiosité n'est pas obligatoirement malsain, du moins, je le perçois comme cela. 

L'humain est naturellement curieux, il cherche à comprendre et appréhender son environnement et ses semblables pour s'inscrire au sein d'eux. Une mécanique tout à fait naturelle, un instinct de préservation.

Chacun.e a ses limites sur son intimité et elles peuvent varier en fonction des sujets.

Alors il peut être délicat, compliqué, outrageant de poser ces questions. La meilleure manière est de demander si cela serait trop déplacé de le poser et si la personne est d'accord pour en parler, tout en lui précisant qu'elle ne doit pas hésiter si la question est trop personnelle.

J'en parle pour deux raisons.

La première est que je ne comprends pas pourquoi cela pose soucis. En parler c'est accepter, mais c'est aussi éduquer. Sur la question de la transidentité, et en général sur le domaine LGBTQIA+, la France est très en retard. Bon... le monde en général est très en retard. Ou plutôt a tellement reculé sur la question à coups de discours moralisateurs et religieux (oui désolé, les religions ont une grosse part de responsabilité, même si j'entends leurs représentants et pas le concept lui même). Alors, étant une minorité, et parce que la grande majorité des gens sont méconnaissant ou embrumés d'idées fausses, il me semble intéressant de répondre et de partager sur ce qu'ils ignorent.
Les conservateurs et complotistes gagnent du terrain avec la situation actuelle, il sera trop tard si cela continue. Nous savons bien qu'ils ne considèrent pas les Sciences et la différence comme quelque chose de possible. 

La deuxième est mon expérience d'aujourd'hui.
Situons: J'ai fait ma prise de sang pour mon bilan sanguin afin de préparer le rendez-vous endocrinologue.
Je me rends au cabinet infirmier à côté du collège de mes enfants (plus pratique).
Je suis reçu par une infirmière souriante derrière son masque et qui dégage une bonne humeur.
Voyant la liste des tests, elle commence à sortir l'arsenal des fioles... 
Nous procédons aux prélèvements, je regarde l'aiguille entrer, chose que je fais tout le temps, même au don de sang, peut-être pour préparer mon esprit à ce qui va arriver et aussi par curiosité.  Premier point: aucune sensation, elle maîtrise.
Elle me demande si le bilan prépare une intervention chirurgicale.

Et là, je lui réponds tout naturellement:

"Oh non, je fais une dysphorie, c'est pour une transition."

Je pense que je suis au point "OSEF, au moins je verrai les réactions et je n'ai pas envie de cacher ce qui me fait du bien, de me cacher".

Cela doit jouer, l'attitude, ce qu'on transmet. Elle m'a demandé alors ce qu'était la dysphorie, ce que j'ai expliqué. Puis elle m'a demandé en quoi consiste le traitement, en se reprenant par la suite d'un: "si cela ne vous dérange pas d'en parler".

Je ne lui en tiens pas rigueur, je devais aussi dégager quelque chose qui devait aussi la mettre à l'aise.
Je lui dis qu'il n'y avait aucun soucis, je suis très ouvert à l'échange, que je préfère que les gens me questionnent quand ils ne savent pas, cela permet de comprendre.

Nous échangeons, elle demande pour le travail, les enfants et ma femme. Nous parlons de la difficulté de trouver des professionnels formés ou au moins ouverts à ce sujet. Elle s'étonne que ce soit un problème. Elle m'avoue que je suis probablement son premier patient qui fait une transition, me souhaite du bonheur dans mon parcours et que peut-être nous nous reverrons. Lui disant qu'il y a un suivi, je serai surement amené à la revoir.

Alors oui, elle ne m'a pas demandé comment me genrer, je m'en fous, mais j'ai ouvert une porte vers un inconnu pour elle, tout en étant naturel, montrant que ce ne devrait pas être tabou, et que les personnes trans existent, même dans ce coin loin des grandes villes et de ce que les médias peuvent présenter.

Bref, je crois que mon acceptation est totale, j'ai pris des vestes en continu lors d'une journée au téléphone pour trouver certains.es professionnels.les.
J'y reviendrai, un petit down, mais il y a eu quand même un dénouement positif après...

Assumez-vous, que vous soyez trans, bi, homo, de culture différente, freak, en situation de handicap ect... les cons s'assument très bien, ne leur laissons pas ce monopole. 





Commentaires

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *