Billet 19 : Apprendre à marcher avec son ombre (TW: suicide, idées noires et ultra rationalité)

 Ok

Reprenons.

Depuis les dernières publications, il y a eu du changement.

Déménagement, traitements, et découverte de l'angoisse.

Découverte ? Pour être plus précis.e, je découvre que je vis en permanence avec un niveau d'angoisse assez élevé.

-Oui, mais tout le monde angoisse-

Certes... comme beaucoup de choses que je pensais "normales", tout dépend du référentiel.
Oui, tout le monde angoisse, la question est combien de temps, à quelle fréquence et les répercussions sur sa propre vie et celle de son entourage.

Alors ca va être simple pour ma part.



TRIGGER WARNING

ca va parler suicide, idées noires et ultra rationalité.



Depuis l'enfance je pense à la mort et pas que LA mort, MA mort également.
Je ne sais pas combien de scénarii j'ai pu imaginer mais je ne les ai pas tous retenus.
Je sais qu'à l'adolescence, quitte à mourir, autant que ce soit en sauvant quelqu'un, que ma mort ait un sens.
Peut être parce que je n'ai jamais trouvé de sens à la vie, et que je ne comprenais pas pourquoi je persistais à vivre, donc donner un sens à sa mort pouvait être le sens de sa vie ?

Une chose est sûre, aucune de mes morts ne gênait les gens. Le deuil, ça se fait. Donc autant que cela n'entraine pas de complications pour les autres au moment du passage à l'acte.

Je ne vais pas lister tout ce qui me passe ou est passé par la tête. Trop long et trop chiant à faire. Quoique, je pourrai bosser pour Netflix...

Donc la mort, l'inutilité et futilité de la vie, la déception de ce qu'est l'humanité sont des choses qui font parti de moi dans le sens où j'ai toujours vécu avec.

Je ne généralise pas tout et surtout je l'applique pour moi. Il y a eu bien sûr des périodes plus simples que d'autres mais le fond a toujours été là.

Le corps humain est une machine qui, dans une grande partie des cas, fonctionne pas mal. Outre la biomécanique, il y a la chimie. Ce mélange d'hormones et autres boosters qui font que tu te mets pas une balle comme dernière pensée.
Remarque, la sélection naturelle a fait le ménage. Ca reste cohérent.

La culpabilité aussi reste un moteur.
Frôlant le voile depuis si longtemps et l'ayant même touché ces dernières années, je peux le dire: j'emmerde celleux qui disent que le suicide est un acte égoïste.
Déchirer la toile témoigne d'une souffrance plus forte que la culpabilité de laisser celleux qu'on aime.

J'ai suivi un sentier de vie que je pensais devoir suivre.
Pris les chemins qu'on me montrait du doigt.
Etait-ce parce que je ne comprenais pas pourquoi j'étais là ou ce que j'étais ?

Les diagnostics m'ont fait comprendre que je marchais dans la brume.
Ca s'éclaircit aujourd'hui mais je marche sans visibilité.
La colère explosait quand je paniquais à chaque pas, faisant redescendre une tension interne, l'impression d'habiter un corps trop petit.
Aujourd'hui, je ne l'ai plus comme compagnon de route, mais j'ai vu mon ombre.
Ce truc qui était toujours là, que je ne voyais pas, que les autres voyaient.

L'angoisse.

Ouais ca parait évident pour celleux qui me connaissent.

Mais ca n'est pas évident quand ça a toujours fait parti de toi, et comme tout le reste avant, semblait être la norme.

Alors j'apprends à la comprendre et à l'apprivoiser.

On ne va pas se mentir, antidépresseurs et anxiolytiques sont des provisions pour la route. Pour le moment, les rations ne sont pas optimum mais on fait les premiers kilomètres. La psychothérapie va être une bonne paire de chaussures pour continuer jusqu'à pouvoir un jour marcher pieds nus sur un sentier que je pourrai voir enfin.

D'où vient-elle ?

On a cherché, écarté les traumas, rien n'y fait écho...

Pour le moment, la piste qui me semble la plus probable vient de mon TDAH... des fonctions exécutives.
Incapacité à se projeter, à planifier ect...

Tu peux avancer, en lâchant prise... tant que tu as de l'énergie... mais plus tu avances dans la vie, moins tu peux en mettre... Et le monde autour ne t'aide pas.
Montée de l'extrême droite, de la peur et le rejet de l'autre, de la Terre se fait charcuter par les dirigeants tenant les tranchoirs...
Rien aide.

Alors quand tu n'as plus de soupape, quand l'ombre se fait plus grande et que tu ressens les caresses du voile, tu succombes... A quoi bon ?


Même si je titube et que j'aimerai tellement ne plus rien ressentir, j'ai la culpabilité et des provisions pour faire quelques kilomètres encore.
J'avoue que si je pouvais laisser la culpabilité sur le bord de la route, ca serait pas mal... mais je me demande si elle ne fait pas parti de cette ombre.
Et comme je suis curieux.se, je veux voir si la brume se dégagera.

Ce voyage est personnel, mais je sais que des personnes marchent à mes côtés et je les en remercie.
La solitude serait probablement un poids supplémentaire.


Oh... je dois vous présenter aussi celui qui m'accompagne depuis toujours et qui me fait royalement chier tous les jours...

A suivre...




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