Billet 20 : Voices....

 Une chose énerve ma psychiatre.

Le fait que je perçoive et dise que le haut potentiel est un handicap.

En fait, elle a surement raison. Ce qui est un handicap c'est le TDAH.

Ce qui est difficile, c'est l'association du TDAH avec le HPI.

Je vous présente donc mon Cerveau...

Enfin, si je emploi le singulier c'est que structurellement, c'est UNE chose.

Ce qui est chiant, c'est qu'il est multiple à la fois.
Je ne parle pas de personnalités multiples, je parle d'un bordel sans fin et continu.
Pour essayer d'imager :
_Placez vous devant 1000 écrans, tous sur des programmes différents. Certains sont de la musique, d'autres des clips, d'autres des films ou séries, des documentaires animaliers, des souvenirs, des peurs, des angoisses, des idées, des envies...
_Faites constamment bouger ces écrans.
_Faites varier l'intensité du son de chaque écran.
_Essayez de suivre un écran, ce qu'il s'y passe, sans pouvoir tourner la tête, juste vos yeux.

Voilà.

C'est la sensation, ou en tout cas ce qui s'en approche le plus, de ce qu'il se passe tout le temps dans ma tête.

Enfin presque.

Le TDAH empêche la mécanique de focus et le meilleur remède à cela est l'intérêt.

Le cerveau arrive à faire fonctionner sa chimie quand quelque chose nous intéresse. Ce qui a une contre partie : la frustration.

Etre coupé.e dans l'activité qui nous plait provoque une frustration énorme et généralement un rejet, une colère contre la personne ou la chose qui nous en sort.

Pourquoi ?

Parce que durant ce moment, il n'y a qu'une télé. Enfin les autres sont là mais on arrive à regarder et entendre celle qui nous intéresse.
Parce que durant ce moment, nos pensées sont claires, nous prenons plaisir, les choses semblent moins fatigantes et notre corps avec notre esprit veulent faire quelque chose, ensemble, en même temps.
Une sensation de plénitude, de bien être.

C'est aussi pourquoi les TDAH ont une tendance ou prédisposition à se tourner vers l'alcool et les drogues. Arrêter ce qui est désagréable au quotidien, le limiter...
Oui ces solutions ont des effets très négatifs.
J'ai moi même fumé du cannabis. Pas pour l'effet psychotrope mais pour l'effet relaxant, apaisant.

Bon, j'ai fait un rejet à la naissance de mon fils... Je pense que l'angoisse est venue me faire tellement de peurs que je devais être prét.e et disponible en cas de soucis de santé ou autre.

J'ai retrouvé cet effet avec la Ritaline... mais en mieux.
Elle n'enlève pas les troubles, elle diminue les effets du trouble et n'a pas les effets négatifs ou limitants des autres.
Ca a été une révélation: "Alors c'est à peu près comme ça que les gens vivent ? La chance !"

Le "H" du TDAH veut dire "avec ou sans hyperactivité". Elle s'exprime physiquement et/ou mentalement.
Bon, j'ai les deux. Le premier, je l'ai bloqué inconsciemment ou au mieux, l'ai limité, pas sans répercussions (douleurs musculaires, tensions, cruralgies et/ou sciatiques...). Le deuxième... ca ne peut pas se bloquer.
Tu bloques pas ce qu'il se passe dans ta tête, du moins, je n'arrive pas.

Ma tête est un bordel, constant, permanant.

Une boîte dans laquelle il est presque impossible de ranger des choses parce que l'intérieur ne fait que de s'agencer autrement, à chaque seconde, sans fond.

Et c'est là que le méga combo joue : La pensée en arborescence, l'hyper activité mentale et la vitesse des connexions neuronales.

Donc c'est tout ce qui est décrit avant multiplié par 3... ou 300...

En fait, j'en sais foutre rien.

Je sais juste que la Ritaline permet un peu plus le focus donc isole dans un coin pas mal de pensées parasites.

Dans un de mes premiers posts, je disais que le traitement diminuait l'angoisse... erreur.

En fait, elle isole des angoisses. Il est plus facile de faire certaines tâches si le niveau d'angoisse est moins élevé.

Mais la Ritaline a un effet ON/OFF. Quand l'effet s'arrête, je sens le bordel revenir... les voix... mes voix.


Ce qui est fatiguant, c'est que mon cerveau n'arrête jamais. Je ne sais pas ce que c'est de "penser à rien". En plus des souvenirs, des idées, des images, des musiques, des sons, des angoisses, j'ai mes voix.
Des discussions interminables avec moi même. Les sujets tournent sans cesse. Je n'ai pas de repos.
Quand je veux faire une sieste, je ne dors pas. Pire, mon corps se repose alors mon cerveau en profite pour s'accaparer l'énergie disponible pour carburer. 

Il me saoule.

Sérieusement, s'endormir d'épuisement n'est pas reposant. Et au réveil, il repart à fond... J'essaie de le calmer quand je me réveille plusieurs fois dans la nuit pour pas partir en insomnie, mais bordel, je suis crevé.e.

Je combine cela avec une incapacité à figer mes idées, donc tout évolue sans cesse, rien n'est fini.
Mes fonctions exécutives, si j'ai bien compris la chose, en seraient la cause.

De ce que j'ai pu lire, le cerveau fonctionne inconsciemment comme cela :

idée - projection de la finalité - remontée des étapes intermédiaires - mise en action

Mon cerveau :

idée - Impossibilité de projeter - angoisse - idée qui évolue - angoisse - idée qui évolue...

Donc comment faire ? Comme ceci :

idée - impossibilité de projeter - angoisse - lâcher prise - improviser

C'est un résumé de ma vie :)
Cela a quand même de gros défauts au niveau de l'impact de mon trouble en société, en famille ou le travail.

"On fait comment ?"
"Bah je ne sais pas, j'ai une vague idée... on verra"
"Heu ouais mais comment on s'organise ?"
"On peut pas vraiment prévoir, on verra au moment"
"Mais ce n'est pas plus simple si on se répartit les tâches avant ?"
"Ha oui ! Mais comme je n'ai aucune idée ou au contraire j'ai tellement d'idées, de possibilités, de facteurs dépendants, que je ne saurai te dire là."
"Ce n'est pas très rassurant et pratique ça si on ne sait pas où et comment on va faire !"

C'est encore plus angoissant pour moi si on définit où et comment on y va. Voir une liste m'angoisse, lire une fiche métier sur pôle emploi m'angoisse, entreprendre quelque chose que je n'ai jamais fait (même en ayant lu/vu de tutos) m'angoisse, aller dans un lieu inconnu m'angoisse, faire le même métier qu'un métier déjà pratiqué et que j'ai aimé dans un autre lieu avec d'autres gens m'angoisse, prendre la route m'angoisse, croiser des gens m'angoisse...

Si tu ne peux pas projeter, tu ne peux pas remonter les étapes intermédiaires et savoir comment avancer.
Donc tu apprends à lâcher prise, mais c'est PUTAIN d'énergivore !
Tout le temps, toute la journée...

Le pire est que je peux rationnaliser toutes ces angoisses !
"Ouais mais tu n'as jamais eu d'accidents"
"Jamais de cambriolage"
"Tu as toujours réussi à calmer les gens quand ils t'agressaient"
"Tu as su garder ton sang froid quand un mec à plaqué un autre sur le sol et menacé d'un couteau juste à tes pieds"
"Tu arrives à faire des choses que tu ne savais pas faire"
"Tu as construit ta maison"...

Mais non... rien... elles sont toujours là.

Donc mon compagnon de toujours, mon cerveau... j'aimerai des fois qu'il arrête de parler... que mes voix se taisent... Ca ferait du bien...

J'ai rencontré une psychologue hier pour la dépression et les angoisses, j'angoisse car je ne sais pas où on va et ce que je devrai attendre de cette thérapie... et pourtant le contact est très bien passé, je me sens bien et disposé.e. Je suis impatient.e de tout faire voler en éclats pour pouvoir comprendre les fragments avant que cela ne se remette en place.


Il va falloir que je fasse un point sur la transition tiens... il s'en est passé des choses depuis la dernière fois... et on approche les 1 an de mise en place du traitement...




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